Nous sommes tous menacés de devenir
des « vieux cons ». Cette expression triviale est passée
dans le langage courant mais elle n’exclut pas, bien sûr,
l’existence de jeunes cons. Il y a, bien sur, des cons qui le sont depuis
toujours !
L’ardeur de la jeunesse pousse
beaucoup de « jeunes loups » à gravir la pente, longue
et savonnée, qui mène à la notoriété professionnelle, sociale,
politique, sportive, médiatique… On leur a dit que là-haut tout
était beau et bon. Mais, on ne leur a pas dit que cette sublime
crête de notoriété est extrêmement étroite et que derrière se
cache un abîme profond qui attend les « vieux cons ». On
passe très vite de jeune loup à vieux con ! Il suffit de
passer la crête.
On peut tomber dans le gouffre des
« vieux cons » déséquilibré par un faux-pas ou emporté
par son impétuosité, ses habitudes, son ego ; on y est parfois
poussé par un concurrent qui veut une place au sommet ; les
vicissitudes physiques, neuro-sensorielles ou psychiques de l’âge
mûr peuvent aussi faciliter la chute.
Le « vieux con », en
général, est caractérisé par un décalage entre le monde ambiant
toujours évolutif et son cerveau qui se fixe dans ses convictions
ou habitudes. Une fois ce décalage crée, il aura tendance à
s’amplifier au fil du temps. La résistance du cerveau bloqué se durcira avec le
temps qui passe.
La réalité du monde qui nous entoure
est en perpétuel mouvement sous les influences multiples du progrès
technique, des aléas de la conjoncture, de décisions politiques,
d’évolutions économiques, de modes ou de tendances…
« Tout est mouvement. »
Héraclite.
Il faut s’adapter ou disparaître, si
l’on en croit Darwin.
« Il vaut mieux penser le
changement que changer le pansement ! » Contrepèterie de Francis
Blanche qui pourrait s'adresser à nos politiciens actuels.
Un « jeune » sera
pratiquement obligé de s’adapter pour survivre, que cette
évolution du monde lui plaise ou non, car il devra « faire
avec » pendant longtemps. A cause d’une expérience encore
fragile et grâce à une plasticité mentale plus grande, par
panurgisme ou par nécessité, il subira pour rester « dans le
vent ».
Un « mou » cédera par
pulsion naturelle, par faiblesse, pour faire comme tout le monde être tranquille.
Un « vieux » normal (comme
un Président de la République !), fatigué de lutter,
acceptera de disparaître. Quand ce sera fait, même ses ennemis
diront du bien de lui !
Mais certains « vieux »,
souvent parmi les esprits forts, décideront de résister à la
tendance générale si elle leur paraît mauvaise, de s’arc-bouter
sur leurs positions, et de le dire haut et fort. Ce sont ceux-là que
l’on qualifie de « vieux cons » : insulte commode,
utilisée par leurs adversaires pour dénigrer sans argumenter et
pour ridiculiser et mettre les rieurs de leur côté.
Le « vieux con », armé de
sa longue expérience et souvent bardé d’un ego bien dimensionné,
se permet de ne pas suivre les tendances de ses pairs, de ses
relations, de la mode ou de l’air du temps. Il considère que ce qu’il fait
ou ce qu’il pense est plus adapté à la situation, mieux ou
meilleur que ce que lui suggère la voie correcte (celle de la
majorité !) et il s’y tient. En plus, il veut le faire savoir
parce qu’il en est fier. Parfois même, il s’en vante.
C’est admirable et courageux s’il a
quelques arguments pour défendre ses positions. Cela fera le bon
« vieux con » ! L’histoire lui donnera raison,
mais beaucoup plus tard (Ignace Philippe Semmelweis, Maurice Allais,
Claude Frédéric Bastiat, Alexis Tocqueville…)
C’est plus criticable si c’est une
reculade devant l’apprentissage de nouvelles techniques ou
l’acquisition de nouvelles compétences. Ici, c’est la flemme ou
l’inertie intellectuelle qui devient prédominante !
C’est terrible s’il résiste pour
ne pas reconnaître qu’il s’est trompé. C’est alors le
détestable « vieux con » atrabilaire !
Sur un plan théorique, le « vieux
con » a souvent raison parce qu’il a de l’expérience et
que les débuts d’une idée nouvelle, d’une technique innovante,
d’une voie inexplorée sont souvent difficiles donc discutables.
Mais, sur le plan pratique, il aura
toujours tort parce qu’il ne sera pas éternel et que l’industrie,
les sponsors, les journalistes surtout ne le suivront pas, ne le
défendrons pas et finalement le torpilleront. La jeunesse a toujours
raison ne serait-ce que parce qu’elle sera là pour imposer ses
intuitions brillantes ou ses conneries et que les autres auront
disparu.
Le « vieux con » devient
pitoyable s’il fait des efforts pour remonter sur la crête aigue
de la notoriété, après avoir plongé dans l’abîme. La chute est
irréversible. Il n’arrivera pas à remonter car c’est impossible
et les jeunes loups, massés sur la crête de notoriété, se
moqueront de ses vains efforts.
Par contre, le « vieux con »
digne s’ouvre à d’autres horizons, fait des choses qu’il
n’avait pas eu le temps ni le loisir de faire avant, il élargit son
angle de vision sur la réalité du monde ; il devient sage !
Ensuite, il disparaît, sans faire part de ses états d’âme, ni
montrer sa déchéance éventuelle aux autres. Quand on nage au
milieu de requins, il ne faut surtout pas saigner. Il faut s’éloigner
doucement, en silence, comme le font les vieux éléphants qui
quittent le troupeau pour aller mourir seuls dans la brousse.
A bientôt donc, chers
amis, dans le cimetière des éléphants !
interessante segue commento.
RépondreSupprimerAntonietta Giampaolo