vendredi 12 juin 2015

Bonnes feuilles : microcosme et macrocosme.


Je vous propose, sous le titre général de "bonnes feuilles", quelques extraits du livre que j'ai publié chez Via Romana :"Peut-on réenchanter la France ?"

Toute société extrait de sa masse, des élites qui lui sont nécessaires pour s’organiser harmonieusement et efficacement. Les critères de sélection ont beaucoup varié, au cours de l’histoire, de la force physique à l’intelligence, en passant par la capacité militaire, le pouvoir financier, la tromperie…
Actuellement, en 2021, les diplômes même dévalorisés comme ils le sont, les ressources financières, les relations personnelles ou familiales et plus récemment l’origine ethnique sont les facteurs les plus déterminants de l’ascension sociale. L’ascenseur social marche mal et se contente de déposer un petit groupe de privilégiés intouchables, au dernier étage, avant de tomber en panne !
Ce microcosme social est constitué d’une dizaine de milliers de personnes arrivistes, prêtes à tout pour réussir. Elles exercent leur pouvoir sur une masse de soixante huit millions d’individus devenus les spectateurs distraits, passifs et parfois amusés de spectacles politiques relayés par les médias. En effet, cette multitude doit payer (au moins la redevance télé) pour assister au cinéma permanent que lui organisent les nombreux bonimenteurs de l’actualité, des médias, de la politique, du sport professionnel, du chobiz, de ce qu’est devenu l’art contemporain… et même de la pornographie. Ce sont les meneurs, les élites, les faiseurs d’actualité, les lideurs d’opinion. Leur force est de savoir utiliser la puissance de diffusion des médias et notamment celle des écrans de télé et d’ordinateurs. Raymond Barre, en son temps, avait individualisé et critiqué ce microcosme très parisien, qui sait la vérité sur bien des sujets mais la déforme ou l’occulte pour que les autres n’en connaissent que ce qu’ils veulent bien faire savoir. La frénésie médiatique reprend et amplifie ces montages orientés, « bidonnés », mensongers ou faussés pour désinformer la masse du macrocosme, pour la tromper ou l’abrutir par la tornade de futilité qui s’abat sur elle. La réalité n’apparaît plus clairement, parce qu’on l’enrobe dans un fatras de mensonges et de manipulations mentales qui sont l’objet revendiqué de la « com ». La communication du microcosme est devenue une véritable escroquerie par tromperie sur la marchandise. Comme la réalité ne coïncide pas souvent avec leurs espoirs, les gens du microcosme ont établi une pensée obligatoire et correcte qui représente ce qu’ils voudraient que la réalité soit.
Ces privilégiés sont financièrement aisés, intellectuellement arrogants et jouissent d’une visibilité médiatique qui leur donne une impression de notoriété. Ce sont des pipeuls, reconnus dans la rue et écoutés sur les ondes. Comme ils oeuvrent toujours dans le sens de leur intérêt particulier, ils se sont progressivement déconsidérées aux yeux du peuple qui affirme les mépriser, mais continue à les « bader », comme on dit dans le Midi.

Les spectateurs forment le macrocosme, cette foule passive que l’on appelle la population. Elle est constamment noyée sous un déluge d’informations, véritable bruit de fond omniprésent qui surcharge sa mémoire et altère son esprit critique. La masse populaire a conscience de cette désinformation mais elle est devenue indifférente, compliante, voire docile, vis-à-vis des mensonges, des reniements et des trahisons du microcosme. En revanche, elle est très soigneusement entretenue par le microcosme dans l’idée qu’elle reste la pièce maîtresse de la démocratie. Une véritable démocratie ne peut pas survivre dans ces conditions.
Quand le peuple fait une crise de populisme aigu, le microcosme s’empresse de guérir la poussée fébrile en utilisant un arsenal judiciaire redoutable fondé sur de nombreuses lois limitant le droit d’expression et les possibilités de réflexion sur des sujets « tabous » dont il ne faut pas parler. Au besoin, il brandit la menace de l’extrême droite…et les réminiscences du nazisme.
Diabolisons, diabolisons, il en restera toujours quelque chose !

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