Je vous propose, sous le titre général de "bonnes feuilles", quelques extraits du livre que j'ai publié chez Via Romana :"Peut-on réenchanter la France ?"
Toute société extrait de sa masse, des élites qui lui sont
nécessaires pour s’organiser harmonieusement et efficacement. Les
critères de sélection ont beaucoup varié, au cours de
l’histoire, de la force physique à l’intelligence, en
passant par la capacité militaire, le pouvoir financier, la
tromperie…
Actuellement, en 2021, les diplômes
même dévalorisés comme ils le sont, les ressources financières,
les relations personnelles ou familiales et
plus récemment l’origine ethnique sont les facteurs les plus
déterminants de l’ascension sociale. L’ascenseur social marche
mal et se contente de déposer un petit groupe de privilégiés
intouchables, au dernier étage, avant de tomber en panne !
Ce microcosme social est constitué
d’une dizaine de milliers de personnes arrivistes, prêtes à tout
pour réussir. Elles exercent leur pouvoir sur une masse de soixante
huit millions d’individus devenus les spectateurs distraits,
passifs et parfois amusés de spectacles politiques relayés par les
médias. En effet, cette multitude doit payer (au moins la redevance
télé) pour assister au cinéma permanent que lui organisent les
nombreux bonimenteurs de l’actualité, des médias, de la
politique, du sport professionnel, du chobiz, de ce qu’est devenu
l’art contemporain… et même de la pornographie. Ce sont les
meneurs, les élites, les faiseurs d’actualité, les lideurs
d’opinion. Leur force est de savoir utiliser la puissance de
diffusion des médias et notamment celle des écrans de télé et
d’ordinateurs. Raymond Barre, en son temps, avait individualisé
et critiqué ce microcosme très parisien, qui sait la vérité sur
bien des sujets mais la déforme ou l’occulte pour que les autres
n’en connaissent que ce qu’ils veulent bien faire savoir. La
frénésie médiatique reprend et amplifie ces montages orientés,
« bidonnés », mensongers ou faussés pour désinformer
la masse du macrocosme, pour la tromper ou l’abrutir par la tornade
de futilité qui s’abat sur elle. La réalité n’apparaît plus
clairement, parce qu’on l’enrobe dans un fatras de mensonges et
de manipulations mentales qui sont l’objet revendiqué de la
« com ». La communication du microcosme est devenue une
véritable escroquerie par tromperie sur la marchandise. Comme la
réalité ne coïncide pas souvent avec leurs espoirs, les gens du
microcosme ont établi une pensée obligatoire et correcte qui
représente ce qu’ils voudraient que la réalité soit.
Ces privilégiés sont financièrement
aisés, intellectuellement arrogants et jouissent d’une visibilité
médiatique qui leur donne une impression de notoriété. Ce sont
des pipeuls, reconnus dans la rue et écoutés sur les ondes. Comme
ils oeuvrent toujours dans le sens de leur intérêt particulier, ils
se sont progressivement déconsidérées aux yeux du peuple qui
affirme les mépriser, mais continue à les « bader »,
comme on dit dans le Midi.
Les spectateurs forment le macrocosme,
cette foule passive que l’on appelle la population. Elle est
constamment noyée sous un déluge d’informations, véritable bruit
de fond omniprésent qui surcharge sa mémoire et altère son esprit
critique. La masse populaire a conscience de cette désinformation
mais elle est devenue indifférente, compliante, voire docile,
vis-à-vis des mensonges, des reniements et des trahisons du
microcosme. En revanche, elle est très soigneusement entretenue par
le microcosme dans l’idée qu’elle reste la pièce maîtresse de
la démocratie. Une véritable démocratie ne peut pas survivre dans
ces conditions.
Quand le peuple fait une crise de
populisme aigu, le microcosme s’empresse de guérir la poussée
fébrile en utilisant un arsenal judiciaire redoutable fondé sur de
nombreuses lois limitant le droit d’expression et les possibilités
de réflexion sur des sujets « tabous » dont il ne faut
pas parler. Au besoin, il brandit la menace de l’extrême droite…et
les réminiscences du nazisme.
Diabolisons, diabolisons, il en restera
toujours quelque chose !
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