Les journalistes font allusion à la
modernité et à la post-modernité, sans jamais définir ces termes
qui divisent encore philosophes, sociologues et historiens.
Pour résumer, la modernité est
caractérisée par la poursuite de l’idéal des philosophes
européens du XVIII° siècle. Elle est censée commencer avec la
Révolution Française et désigner la propension d’une société à
imposer la raison théorique comme son paramètre fondamental. Elle
s’oppose ainsi à la tradition, aux doctrines, aux idéologies et
même aux religions. Selon Habermas, elle reste un projet inachevé.
Elle est d’ailleurs probablement inachevable et, historiquement,
ses ambitions théoriques se sont heurtées à bien des obstacles
pratiques.
Si l’on en croit Wikipédia, la post-modernité commence vers la
fin du XX° siècle et se traduit par la dissolution de la référence
à la raison comme postulat. L’activité humaine tend à se
justifier par le paradigme général de la résolution immédiate des
problèmes par la volonté, fortement teintée par des émotions.
Celles-ci induisent des comportements adaptatifs, souvent
automatiques et un rapport au temps centré sur le présent. Beaucoup
voient dans la post-modernité un subjectivisme incohérent qui
entraîne une fragilisation des identités collectives et
individuelles. François Hollande avait en 2013 « la
conviction » que la croissance industrielle et la reprise
économique allaient reprendre dès 2014. Parce qu’une crise ne
dure pas !
Dans la lutte éternelle qui oppose les
anciens et les modernes, les conservateurs et les progressistes, la
tradition et le progrès, nos zélites ont toujours soutenu que la
seule voie était d’être moderne, donc progressiste. Elles ont crû
avec Marx que l’histoire avait un sens inéluctable allant vers un
Progrès continu.
Cette affirmation péremptoire heurte
le bon sens populaire car l’histoire se fait souvent en fonction
des aléas de la conjoncture, des décisions de quelques hommes
(encore faut-il qu’ils soient décidés) et de l’adhésion
éventuelle des peuples. Même pour les grandes innovations, après
chacun de ses « sauts » techniques, le progrès se heurte
toujours à un « mur de limitations ».
Depuis quelques siècles qu’elle
existe, il faut bien constater que la modernité n’a jamais montré
d’autre finalité que matérielle. La post-modernité encore
moins ! Maintenant elle erre au fil des découvertes
scientifiques, des possibilités techniques qui en découlent, des
opportunités et de multiples manœuvres pour faire du profit, comme
un sanglier en quête de nourriture dans la forêt, à la billebaude.
Elle est menée par l’intérêt immédiat, en général financier,
de nos meneurs affublés d’une cupidité insatiable. Nous naviguons
dans le brouillard.
Tout n’est pas à rejeter dans la
post-modernité ! Certes non. Mais elle nous a fait entrer
depuis quelques lustres, dans une impasse. Elle accumule des
incohérences et parfois des absurdités. Certains ayant encore la
faculté de réfléchir librement s’en sont aperçus. Au lieu de
fuir en avant, les yeux fermés, ils ont suggéré de s’arrêter un
instant et même de reculer pour retrouver le bon chemin. Mais ils
n’ont pas été écoutés et notre société erre au gré des
vagues économiques et des courants sociaux, comme un bateau ivre,
sans cap bien défini et avec des officiers de quart souvent
incompétents, roublards mais dépassés par les évènements !
« On ne conduit le peuple
qu’en lui montrant un avenir ; un chef est un marchand
d’espérance. » Napoléon dans ses Mémoires dictées à
Las Casas.
Pour mettre en perspective ce
pessimisme, on peut regretter le déclin de l’Occident et notamment
de l’effondrement français, tout en étant heureux de bénéficier
encore des bienfaits de la civilisation occidentale et de la
« douceur de vivre » résiduelle pour bon nombre
d’Hexagonaux.
Les historiens nous montrent que les
périodes de décadence des sociétés ont souvent été très
agréables à vivre. Le problème est de savoir combien de temps
elles peuvent durer avant la disparition pure et simple du système
social, économique et financier ainsi que du mode de vie qu’elles
avaient mis en place. Rien ne doit nous empêcher de profiter
pleinement du moment présent, de notre existence en général et de
savourer les bienfaits que nous offre encore la vie en France. Il est
incontestable qu’elle est encore bien meilleure que dans beaucoup
d’autres pays.
« Laissez rouler le bon
temps » dit-on à La Nouvelle Orléans !
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