jeudi 2 juillet 2015

Bonnes feuilles: Modernité et post-modernité.




Les journalistes font allusion à la modernité et à la post-modernité, sans jamais définir ces termes qui divisent encore philosophes, sociologues et historiens.
Pour résumer, la modernité est caractérisée par la poursuite de l’idéal des philosophes européens du XVIII° siècle. Elle est censée commencer avec la Révolution Française et désigner la propension d’une société à imposer la raison théorique comme son paramètre fondamental. Elle s’oppose ainsi à la tradition, aux doctrines, aux idéologies et même aux religions. Selon Habermas, elle reste un projet inachevé. Elle est d’ailleurs probablement inachevable et, historiquement, ses ambitions théoriques se sont heurtées à bien des obstacles pratiques.
Si l’on en croit Wikipédia, la post-modernité commence vers la fin du XX° siècle et se traduit par la dissolution de la référence à la raison comme postulat. L’activité humaine tend à se justifier par le paradigme général de la résolution immédiate des problèmes par la volonté, fortement teintée par des émotions. Celles-ci induisent des comportements adaptatifs, souvent automatiques et un rapport au temps centré sur le présent. Beaucoup voient dans la post-modernité un subjectivisme incohérent qui entraîne une fragilisation des identités collectives et individuelles. François Hollande avait en 2013 « la conviction » que la croissance industrielle et la reprise économique allaient reprendre dès 2014. Parce qu’une crise ne dure pas !
Dans la lutte éternelle qui oppose les anciens et les modernes, les conservateurs et les progressistes, la tradition et le progrès, nos zélites ont toujours soutenu que la seule voie était d’être moderne, donc progressiste. Elles ont crû avec Marx que l’histoire avait un sens inéluctable allant vers un Progrès continu.
Cette affirmation péremptoire heurte le bon sens populaire car l’histoire se fait souvent en fonction des aléas de la conjoncture, des décisions de quelques hommes (encore faut-il qu’ils soient décidés) et de l’adhésion éventuelle des peuples. Même pour les grandes innovations, après chacun de ses « sauts » techniques, le progrès se heurte toujours à un « mur de limitations ».
Depuis quelques siècles qu’elle existe, il faut bien constater que la modernité n’a jamais montré d’autre finalité que matérielle. La post-modernité encore moins ! Maintenant elle erre au fil des découvertes scientifiques, des possibilités techniques qui en découlent, des opportunités et de multiples manœuvres pour faire du profit, comme un sanglier en quête de nourriture dans la forêt, à la billebaude. Elle est menée par l’intérêt immédiat, en général financier, de nos meneurs affublés d’une cupidité insatiable. Nous naviguons dans le brouillard.

Tout n’est pas à rejeter dans la post-modernité ! Certes non. Mais elle nous a fait entrer depuis quelques lustres, dans une impasse. Elle accumule des incohérences et parfois des absurdités. Certains ayant encore la faculté de réfléchir librement s’en sont aperçus. Au lieu de fuir en avant, les yeux fermés, ils ont suggéré de s’arrêter un instant et même de reculer pour retrouver le bon chemin. Mais ils n’ont pas été écoutés et notre société erre au gré des vagues économiques et des courants sociaux, comme un bateau ivre, sans cap bien défini et avec des officiers de quart souvent incompétents, roublards mais dépassés par les évènements !
« On ne conduit le peuple qu’en lui montrant un avenir ; un chef est un marchand d’espérance. » Napoléon dans ses Mémoires dictées à Las Casas.
Pour mettre en perspective ce pessimisme, on peut regretter le déclin de l’Occident et notamment de l’effondrement français, tout en étant heureux de bénéficier encore des bienfaits de la civilisation occidentale et de la « douceur de vivre » résiduelle pour bon nombre d’Hexagonaux.
Les historiens nous montrent que les périodes de décadence des sociétés ont souvent été très agréables à vivre. Le problème est de savoir combien de temps elles peuvent durer avant la disparition pure et simple du système social, économique et financier ainsi que du mode de vie qu’elles avaient mis en place. Rien ne doit nous empêcher de profiter pleinement du moment présent, de notre existence en général et de savourer les bienfaits que nous offre encore la vie en France. Il est incontestable qu’elle est encore bien meilleure que dans beaucoup d’autres pays.
« Laissez rouler le bon temps » dit-on à La Nouvelle Orléans !

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