mercredi 8 juillet 2015

Bonnes feuilles : suite de "la pieuvre administrative" tirée de "Peut-on réenchanter la France ?".


Une administration édicte des règles qui se veulent générales et adéquates pour tous les cas particuliers. Plus l’ensemble ainsi géré est grand, plus l’absurdité de ce principe devient évidente.
Le principe de subsidiarité, mal appliqué, n’a pas réussi à s’opposer à ce centralisme administratif jacobin inepte. Je ne citerai qu’un exemple du caractère pointilleux, inadapté et souvent ridicule des décisions prises à Bruxelles car tout le monde peste contre elles tous les jours. Jeudi 25 janvier 2011, l’Union Européenne a sommé, sous peine de poursuites, 13 pays d’améliorer le sort de 47 millions de poules pondeuses maintenues dans des cages trop petites et mal aménagées. Jusqu’en 2011, chaque poule disposait de l’équivalent minimum d’une feuille A4 d’espace au sol dans les élevages traditionnels en batterie. Les nouvelles normes prévoient de donner à chaque poule un minimum de 750 cm² d’espace dans leurs cages, soit une feuille A4 agrandie de l’équivalent d’une petite carte postale !! En pleine crise de l’euro…

Le citoyen doit se couler, sous peine de lourdes amendes, dans des cadres pré-établis, des formats, des carcans, parfois dans un véritable enfer paperassier. Il est toujours potentiellement coupable d’une transgression, parfois inconnue de lui. L’autorité doit toujours avoir quelque chose à lui reprocher.
L’administration impose ainsi de dures sanctions financières à la société civile qui est obligée d’être docile sous peine de majorations. Les récalcitrants sont immédiatement assaillis de menaces et cloués au pilori social par l’ordre répressif administratif. L’administration fiscale et les caisses de recouvrement des charges sociales peuvent être de véritables poisons pour l’esprit d’entreprise, convaincues que tout entrepreneur qui réussit est un fraudeur des règles fiscales et législatives. Celles-ci étant discutables, parfois ambiguës, ces administrations peuvent prolonger leurs enquêtes sur des années. Elles en souffrent peu, mais le malheureux particulier en sort éreinté même s’il est blanchi. D’ailleurs un contrôle fiscal est souvent utilisé comme moyen de rétorsion contre ceux qui ont osé sortir des rails de la pensée unique, conforme et obligatoire.

Les citoyens doivent abandonner progressivement des pans de leur liberté pour se fondre « dans le moule conforme ». Beaucoup d’entre nous courbons l’échine et acceptons cela comme un moindre mal. Ainsi on nous avilit tous les jours un peu plus. Gérard Depardieu avait été traité de minable et de voleur par des ministres lorsqu’il avait décidé de quitter l’enfer fiscal français en 2013. Mais le Système Politique et Social a l’habileté de faire monter progressivement la pression administrative pour que ce soit tolérable. Si cela avait été fait brutalement le peuple se serait rebellé bien plus tôt.
On m’objectera que cette tyrannie administrative est inhérente à la complexité de la vie moderne. C’est vrai ! Mais pas au-delà d’une certaine limite. Les Hôpitaux seraient plus faciles à gérer s’il n’y avait ni malades, ni médecins, plaisante l’administration ! Mais la réalité est qu’ils sont faits pour les malades, qu’il y faut des médecins et que l’administration n’y est qu’accessoire. Une bonne administration devrait s’adapter, elle, à la diversité et aux multiples cas particuliers des maladies et de la médecine. C’est difficile et nous en sommes loin en 2021.
« L’ambition dont on n’a pas les talents est un crime. » Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe.
























Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire